Traverser les 30 ans d’INTERBIO Bretagne : une Assemblée Générale ancrée, engagée et tournée vers l’avenir
Une Assemblée Générale engagée, une soirée anniversaire fédératrice et un cap collectif affirmé pour la Bio en Bretagne
Le 20 mai 2025 à la Cité de la Voile Éric Tabarly à Lorient, INTERBIO Bretagne a réuni plus de 100 participants pour une Assemblée Générale d’anniversaire, marquant un double moment fort : un temps institutionnel tourné vers l’avenir de la filière biologique bretonne, et une soirée de célébration des 30 années d’action collective au service de la Bio en Bretagne.
Producteurs, transformateurs, distributeurs, agents de collectivités, élu·es, technicien·nes, réseaux, cuisinier·es, structures d’accompagnement, partenaires institutionnels… toutes les composantes de l’interprofession étaient représentées pour faire réseau, poser un cap commun et affirmer des convictions partagées.
Une ouverture sur les témoignages de ceux qui ont construit INTERBIO Bretagne
L’Assemblée Générale s’est ouverte par la projection d’une vidéo de témoignages inspirante, retraçant l’histoire, le présent et l’ambition de demain d’INTERBIO Bretagne. Une parole précieuse y a été donnée à ceux qui, il y a trente ans, ont posé les premières pierres de ce réseau pionnier, mais aussi à celles et ceux qui le portent aujourd’hui au quotidien. Gérard Le Goff, ancien membre du Conseil d’Administration, y a rappelé avec clarté le contexte de création :
« Il n’y avait pas un développement professionnel de toutes les activités bio : cette structure a permis de rassembler les acteurs. »
Une vision lucide d’un besoin de cohésion et d’organisation, qui reste toujours d’actualité. De son côté, André Lagrange, ancien Président, a transmis avec émotion ce que représente INTERBIO pour la filière :
« Une filière qui se construit, qui veut se consolider ou qui est en difficulté a besoin de lien. INTERBIO Bretagne, c’est l’huile dans les rouages. »
Ces mots forts sont venus réaffirmer la place essentielle du réseau comme force de cohésion, de développement et d’innovation avec et pour la filière, aujourd’hui plus que jamais. À travers cette séquence, l’Assemblée s’est ouverte sous le signe de la transmission, du collectif et de la continuité : un héritage vivant tourné vers l’avenir.
Un temps statutaire solide, soutenu à l’unanimité
La première partie de la soirée fut consacrée à l’Assemblée Générale statutaire, avec la présentation des rapports d’activités, financiers et d’orientations. Les six résolutions soumises au vote ainsi que l’élection des nouveaux membres du Conseil d’Administration ont été adoptées à l’unanimité par les adhérents, reflétant une confiance renouvelée dans la stratégie déployée par le réseau.
Dans son intervention, David Dugueperoux, Président d’INTERBIO Bretagne, a rappelé avec clarté les priorités pour l’année à venir :
« Pour 2025, nous nous appliquerons à consolider nos études, les services à nos adhérents et à continuer à faire réseau au sens large pour développer l’avenir de la Bio. »
Ce temps de bilan a également permis de revenir sur la diversité des projets portés par INTERBIO en 2024, des actions de transition alimentaire à l’accompagnement des opérateurs, en passant par la structuration de filières, la représentation institutionnelle et les campagnes de communication.
Un Conseil d’Administration renouvelé et renforcé
À l’issue de cette séquence, le Conseil d’Administration d’INTERBIO Bretagne a été renouvelé. Trois nouveaux administrateurs ont rejoint le CA :
- Yoann Morin, Responsable communication pour Bio Breizh
- Frédéric Chevalier, producteur bio, Président de la Commission bio de la Chambre d’Agriculture, pour la Chambre d’Agriculture de Bretagne
- Philippe Hautbois, éleveur bio et Vice-Président de Bretagne Viande Bio
Leur arrivée renforce encore la diversité des profils et des compétences au sein d’INTERBIO Bretagne, fidèle à notre vocation : fédérer, relier, représenter, accompagner.
Soutien affirmé de la Région Bretagne
Les échanges ont ensuite été introduits par le message enregistré d’Arnaud Lécuyer, Vice-Président à la Région Bretagne en charge de l’agriculture, l’agro-alimentaire et l’alimentation.
Le travail de fond accompli par INTERBIO Bretagne depuis 30 ans a été souligné, insistant sur notre capacité à faire lien entre acteurs, à structurer une filière complexe, et à porter une vision de long terme pour l’agriculture biologique.
« INTERBIO Bretagne joue un rôle essentiel dans le développement de la Bio ; acteur fédérateur à l’écoute de l’ensemble des opérateurs et des
consommateurs, c’est toute une filière que vous accompagnez dans sa structuration, sa montée en compétences, mais également dans sa visibilité. Et, pour tout cela, merci. »
Arnaud Lécuyer – Vice-Président à la Région Bretagne
Olivier Allain, Vice-Président à la cohésion des territoires, a également salué le travail de ces 30 dernières années d’INTERBIO Bretagne. Gaëlle Le Stradic, Vice-Présidente en charge de la Culture, nous a également fait l’honneur de sa présence et de son soutien.
Ce soutien renouvelé conforte la place stratégique qu’occupe INTERBIO dans la transition agricole et alimentaire en région.
Des prises de parole pour éclairer les enjeux de demain
Trois interventions ont permis d’apporter des regards complémentaires sur les défis structurels de la Bio, dans un contexte marqué par des incertitudes politiques, économiques et réglementaires.
À l’échelle européenne – Michel Reynaud (ECOCERT / IFOAM Europe)
Michel Reynaud, vice-président du Groupe ECOCERT et membre du conseil d’administration d’IFOAM Organics Europe, a livré une intervention précieuse pour mieux comprendre les enjeux européens qui pèsent aujourd’hui sur la filière bio.
Il a rappelé que les règles de production et de contrôle bio sont définies à Bruxelles, et que la France — pourtant première surface européenne en agriculture biologique — reste encore trop peu représentée dans les instances de travail européennes.
Il a salué la pertinence des contributions d’INTERBIO Bretagne dans les récentes consultations européennes, notamment sur la simplification du règlement bio européen, avec un enjeu fort : rendre les règles de production et de contrôle réellement applicables sur le terrain, tout en en préservant l’ambition.
IFOAM milite également pour :
- la reconnaissance du statut des producteurs bio dans les Organisations de Producteurs multi spécialistes au sein de la PAC ;
- la transparence sur les nouvelles techniques de génétique, avec un impératif de traçabilité ;
- le soutien à la recherche scientifique, à la vulgarisation et à la mise en lumière des externalités positives de la Bio (biodiversité, qualité des sols, climat…).
Michel Reynaud a souligné un point fort : la nécessité de faire vivre une “Europe des régions”. IFOAM souhaite renforcer la représentation des dynamiques territoriales – à l’image d’INTERBIO Bretagne – pour nourrir le dialogue avec d’autres régions engagées. Il a cité l’exemple de la Bretagne, rapporteuse au Comité des Régions sur le règlement bas carbone, comme démonstration de la pertinence des contributions locales à l’échelle européenne.
Enfin, il a dressé un constat lucide du contexte politique actuel : appels à la dérégulation sous couvert de “simplification”, baisse des soutiens à la Bio en France comme en Allemagne. Face à cela, il a lancé un appel à la reconquête du récit collectif de la Bio, à sa défense sur des bases scientifiques et à l’unité avec le monde agricole conventionnel :
« On ne doit pas opposer les agriculteurs entre eux. Il faut dialoguer, se remettre en cause quand c’est nécessaire, mais surtout ne pas abandonner ce qui fait sens. »
Michel Reynaud – pour IFOAM Europe
IFOAM Europe est aujourd’hui une interface reconnue auprès de la Direction Générale Agricole et du Parlement, et INTERBIO Bretagne, membre français, a toute sa place dans cette dynamique collective.
Au niveau national – Bruno Martel (Agence BIO / Agrial)
La parole a ensuite été donnée à Bruno Martel, éleveur bio dans l’Ouest, administrateur d’Agrial et vice-président de l’Agence BIO.
Avec une grande franchise, il a dressé un état des lieux de la situation au niveau national :
- Réduction du budget de fonctionnement de l’Agence BIO ;
- Baisse de 9,4 millions d’euros du Fonds Avenir Bio, pourtant moteur de financement pour de nombreux projets régionaux ;
- Budget communication amputé des 2/3 ;
- Sentiment de mise à l’écart des acteurs de terrain dans les arbitrages récents.
Malgré ce constat alarmant, Bruno Martel a tenu à transmettre un message d’espoir, de combativité et de confiance :
« On va nous couper les jambes, mais on marchera sur les mains. La Bio n’a pas besoin de se raconter une histoire : son histoire est juste. »
Il a appelé à reprendre la parole, à garder le lien avec les filières conventionnelles, et à continuer de faire la démonstration que la Bio reste un modèle crédible, structuré, porteur de solutions — pour le climat, la santé, l’économie des territoires.
Un moment sensible, au-delà des filières – Isabelle Joschke
Au fil de la soirée, les convives ont eu l’opportunité d’entendre une voix différente mais profondément inspirante : Isabelle Joschke, navigatrice et ambassadrice de nombreuses causes, notamment liées à l’égalité homme-femme et à l’alimentation bio.
Son témoignage, à l’issue du dîner, a mêlé récit personnel, résilience, renoncements, solitude, mais aussi dépassement et détermination. Elle a parlé de la mer, de la difficulté de garder un cap, du besoin de collectif pour tenir, des tempêtes imprévues…
Autant d’images qui ont immédiatement résonné avec le quotidien de celles et ceux qui s’engagent pour la Bio.
Son intervention a été suivie d’une séance de dédicaces de son livre Traverser et a marqué les esprits par sa justesse, sa simplicité et sa profondeur.
Une soirée pour célébrer, se retrouver, faire réseau
Cette journée intense s’est conclue dans la convivialité, autour d’un dîner partagé entre tous les participants, puis d’une soirée musicale chaleureuse et festive.
Organisée en collaboration par Nadine Herbelin, cette soirée a été animée par le groupe irlandais Talea, qui a su faire danser la Cité de la Voile au rythme de la fête et des retrouvailles.
Au-delà de la musique, c’est bien l’esprit du collectif qui s’est exprimé : celui d’une filière soudée, diverse, mais unie par une même volonté d’agir ensemble.
Pour l’occasion, un triptyque symbolique avait été imaginé avec des boissons Bio du P’tit Fausset et de la Brasserie de Bretagne :
- Un jus de pommes bio pour jeter un coup d’œil sur le passé ;
- Un cidre brut pour savourer le présent ;
- Une bière sans alcool pour affirmer un regard résolument tourné vers l’avenir.
Une attention simple, mais pleine de sens, à l’image de cette soirée : ancrée, joyeuse, et profondément engagée.
Geste solidaire et ancrage territorial
Comme à chaque événement d’INTERBIO Bretagne, l’attention au sens et à l’utilité collective ne s’est pas arrêtée à la scène. Les légumes bio ayant servi à la décoration ont été offerts aux Restos du Cœur de Lorient, via le dispositif RÉGAL Bretagne, avec le soutien de Poder SARL et de SOLAAL Bretagne.
Un geste concret, fidèle aux valeurs de solidarité, de sobriété et d’impact local que porte le réseau depuis 30 ans.
Merci à toutes et tous
INTERBIO Bretagne adresse un remerciement sincère et chaleureux à l’ensemble des participants, intervenants, partenaires, adhérents, institutions, producteurs, réseaux et équipes qui ont contribué à faire de cette journée un moment fort, lucide, joyeux et porteur d’avenir.
Une traversée collective, en mouvement
Ces 30 ans témoignent d’un chemin parcouru avec constance, exigence et conviction — mais surtout d’un chemin encore à tracer.
Dans un contexte d’incertitudes, de débats, mais aussi de transformations profondes, la Bio en Bretagne reste debout, construite, représentée, et portée collectivement.
Et c’est avec vous que nous continuerons de la faire avancer.